Musée Dior – La Révolution du New Look

Chaque année est organisée à Granville dans la Manche (à une heure et demie de Rennes) une exposition retraçant le savoir-faire de la Maison Dior.

La Révolution du New Look fait le point sur ce changement extraordinaire dans le monde de la mode.

C’est toujours un plaisir de déambuler dans le jardin entourant la maison. Malgré le grand vent et le ciel changeant, les couleurs des massifs vous sautent aux yeux. Quelques touristes américains échappés des plages du débarquement s’égarent dans la roseraie. Mesdames veulent pourtant rencontrer le génie du Maître ! Tous les américaines connaissent Dior !  Et elles ont bien raison car cette expo vous transporte dans un autre univers. L’excitation monte au fur et à mesure des espaces confinés, chaque vitrine recèle des trésors d’architecture et de beauté.

Il y a trois niveaux à visiter. Le rez-de-chaussée commence avec un exposé de la mode des années 40 avec différentes maisons. J’adore précisément cette période, la coupe structurée, les matières brutes sans fards, les chaussures incroyablement élégantes. Cela me rappelle aussi ma grand-mère maternelle qui était d’une élégance folle, se faisait ses vêtements, chantait comme un rossignol, brodait des épis de blé sur ses revers de poche, crantait ses cheveux, était une passionnée d’accessoires (j’ai encore ses sacs à mains des années de guerre). Elle adorait regarder les films de l’âge d’or du cinéma français, fin des années 30 et c’est à travers ce cinéma que j’ai découvert la mode. Le satin, les cheveux lissés à la brillantine, les sourires comme des rangées de perles, les cols en fourrure et la magie du tout.

Ce côté structuré et austère sera boulversé par cette révolution qu’est le tailleur Bar. Je vous l’avoue, ça fait un drôle d’effet de se trouver à quelques centimètres de cette légende, d’autant plus que nous en tous plus ou moins une reproduction en taille Barbie dans notre collection. L’agencement des petits plis à la taille est techniquement affolant. Le bombé formé artificiellement sur la hanche, cette couleur sable et cette taille ! Je vais défaillir !

Une vitrine reprend l’influence du tailleur Bar et leur ré-interprépation par les stylistes successifs de la maison Dior (Gianfranco Ferré, John Galliano, Raf Simons.

Le premier étage est consacré à la coupe et à la technique. Une large vitrine offre la quasi vision d’un atelier de couture. Les toiles, les mannequins Stockman des clientes, la table de coupe.

On a aussi le plaisir d’admirer des modèles anciens, un voyage à travers le temps, de 1850 à une remarquable robe tabac de Worth (1885) en passant par le début de 20ème siècle et ses dentelles ivoires si chères à la mère de Dior puis l’avènement du flou qui libère la femme. Les modèles de Yves Saint Laurent pour Christian Dior sont encore très emprunts des courbes et des tailles étreintes. Dans quelques années, il se libèrera de cette contrainte.

Vient l’explication de la coupe notamment à travers le très vu manteau rouge de la collection Haute Couture Automne/Hiver 2014. Un écran tactile vous invite à faire pivoter le manteau pour saisir l’assemblage des pièces. Au mur, sont présentées les pièces du patron original.

La ligne Corolle s’applique aux robes du jour et manteau. Il est hallucinant de voir que rien ne fronce (ce qui n’est pas le cas sur les modèles récents). Je suis quasi en transe devant cette robe rouge de jour, en lainage « rouge satan » ! La mode n’est-elle pas diabolique ?

Une alcôve est consacré traitement du tissu comme base de la création tel un sculpteur triturant sa glaise. Du plissé tortueux de mousseline de cette étonnante robe jaune pâle (que nous connaissons déjà sur Barbie avec la Gala Gown) aux découpages origami de Raf Simons.

Le dernier étage est consacré au corps calligraphié. La ligne est épurée comme le trait à l’encre de chine d’une estampe japonaise. La coupe est quasi chirurgicale.

Les collages et aquarelles de Mats Gustafson renforcent l’idée d’une coupe épurée et précise. (Des cartes postales de ses travaux sont en vente en boutique).

Puis on se dirige vers l’extravagance, la ligne Dior revue par John Galliano, le contraste est saisissant. Les couleurs éclatent, les matières dégoulinent, l’opulence déborde et le chic est là. C’est grandiose.

On termine la visite par l’exposition des modèles réduits du Petit Théâtre Dior. Alors là, votre fibre de collectionneur vibre au point de vouloir briser la vitre et de partir avec tous les modèles. La taille est idéale pour une American Model en plus. Le tout présenté au milieu de parfums et leur boîte ressemblant à des lits de princesse.

Monsieur Dior me fait un clin d’oeil car la dernière vitrine expose une poupée habillée par lui pour la fille d’amis.

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Après un petit tour à la boutique où vous pouvez vous procurer ce livre retraçant le parcours de l’exposition mais aussi des cartes postales, des crayons et  carnets, sans oublier des éditions limitées de parfums, foulards et bijoux.

dior-newlook_couvUne balade dans les jardin, le nez au vent vous vivifiera un grand coup. C’est aussi un havre de paix et on imagine bien que Monsieur Dior aimait à s’y ressourcer parmi les roses.

Je termine par une petite note impressionniste. Les massifs sont tellement beaux qu’ils pourraient servir d’inspiration à quelques étoffes Haute Couture.

Profitez-en pour faire un tour en ville. C’est balnéaire, les maisons 1930 sont un peu en perdition et défraichies mais le centre ville a son charme avec ces petits commerces. Ne manquez pas la pâtisserie Yver, réputée. Une petite pause gourmande c’est toujours appréciable après toutes ces émotions.

J’espère que ce petit reportage vous aura plus. N’hésitez pas à le « liker ». Soyez indulgents pour les photos. Elles sont prises avec mon smartphone et ça a été un tour de force car normalement les photos sont interdites ! Mais tant de génie, c’est une invitation à la rébellion.