Overdose de rose
Un groupe anglais de consommateurs Let Toys be Toys a récemment mis en avant la stéréotypisation des couleurs dans l’univers du jouet. On pourrait penser qu’à l’aube de ce nouveau siècle, les mentalités allaient évoluer, c’est tout le contraire.
Une étude démontre qu’actuellement et plus que jamais, le bleu est pour les garçons et le rose pour les filles. Alors que dans les années 70, le blanc, rouge et orange prédominaient dans les jouets “domestiques” (cuisine, ménage, poussettes), tout n’est que rose plus ou moins criard aujourd’hui. C’est une régression digne des années 50 où le rôle de la femme était confiné à sa cuisine.
C’est ce que démontre l’industrie du jouet actuellement. Le parfait exemple, Lego Friends, célèbre jouet de construction ciblé “filles”. Des figurines aux courbes plus féminines évoluent dans un ghetto rose où trônent boutiques, palaces et yachts en tous genres, vous n’y trouverez pas de pompiers ni de policiers, marginalisant le rôle de la femme dans la société.
Disney a récemment du faire machine arrière pour avoir voulu “glamouriser” le personnage féminin de Rebelle, une taille plus fine, des yeux plus grands, une chevelure plus disciplinée.
Ils ne sont pas les seuls, les grandes icônes des années 80 comme Charlotte aux Fraises ont subi un relooking extrême. Même “My Little Pony” qui est quand même un animal à la base, se transforme cette année en hybride cheval-fille aux longues jambes et crinière opulente.
Les valeurs transmises : la compétition dans l’apparence, le culte de la beauté, qu’il faut être toujours plus “hot”, qu’être une potiche bien vernissée est le but dans l’existence. Quelle image effroyable et réductrice. Sans parler des garçons, que l’on élève dans l’idée sous-jacente de l’homophobie. Comment jouer ensemble si tout est défini à l’avance. Le petit garçon osera-t-il saisir le Lego rose de sa sœur sans avoir peur de passer pour une “fillette” ?
Or le jeu est sensé aider l’apprentissage, développer l’imagination et encourager la créativité.Les enfants devraient se sentir libres de s’amuser avec les jouets qui les intéressent. Enfant, j’ai joué des heures avec des Playmobil en compagnie de mon frère et lui jouait avec moi à Super Jamie ou Barbie Fun Time (qui avait un maillot de bain une pièce rouge et pas un bikini rose). Nous intervertissions nos jouets mais il est vrai que rien n’était estampillé fille et garçon. C’était les années 70, la tolérance et l’espérance en notre futur étaient plus vastes et le marketing esclavagiste en était à ses balbutiements.
Source : Let toys be Toys