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Dads who play Barbie ou comment rentabiliser son enfant
Mattel vient de lancer une campagne de communication centrée sur l’interaction Papa – Fille dans le jeu à travers notre chère Barbie.
L’idée est louable et les films sont tirés à quatre épingles, les papas bien masculins 100% pur jus américain. Les métiers joués sont à mille lieues des idées convenues. Les paléontologistes ont remplacé les ménagères.
En deuxième lecture, je déplore le fait que jouer avec sa fille passe par un objet totalement estampillé marketing fille.
Dans mon enfance (les années 70), mon père n’a jamais joué à la Barbie avec moi sauf pour lui fabriquer, à ma demande, un parachute pour la balancer du balcon (je suis une fille de militaire, on ne se refait pas). Papa, quand il jouait avec mon frère et moi, nous confectionnait des tipis indiens, des cabanes dans les bois ou des châteaux forts faits de livres. Je pouvais jouer à tout, à la poupée et aux Playmobil, circuit électrique, Lego… il n’y avait de différenciation de sexe et d’ailleurs mon frère jouait à la Barbie avec moi. Papa construisait un cadre à notre imaginaire. Il n’était pas là pour nous dire comment jouer, il n’entrait pas dans notre monde. Mais cette une autre époque je le reconnais.
En troisième lecture, ce qui me fait dresser les cheveux sur la tête est ce slogan en fin de film :
“Le temps passé dans son monde imaginaire est un investissement dans son monde réel”.
Waouh ! ça envoie du steak ! Tellement représentatif de notre société actuelle. Le mot investissement me brûle la rétine ! Le terme “spent” aussi car en anglais il veut aussi dire “dépenser”.
Donc vous ne faites plus des enfants pour simplement perpétuer l’espèce et transmettre vos valeurs, NON ! Vous investissez dans l’avenir. Si on suit cette logique, on attend de la petite fille un retour sur investissement ! “Bon, on veut bien te payer des barbies et prendre des voix stupides pour te faire plaisir mais ma cocotte t’as intérêt à nous réussir Sciences Po sinon tu vas te manger le monde réel dans les dents ! “. Effroyable société des adultes qui veulent rentabiliser l’imaginaire des enfants et bien entendu payer les dividendes des actionnaires.
Ce qui pourrit notre société ce sont ces gens qui font des milliards avec du vent. Il faut désormais rentabiliser des fractions de secondes, de la bande passante, de la valeur future, du Co2 et maintenant l’imaginaire des enfants ?
Laissez-les s’ennuyer, faire ce qu’ils souhaitent ou ne rien faire aussi, puis prendre un crayon, un bout de papier, faire une robe à sa poupée avec une chute de tissu, un lit avec une boîte de chaussures. Laissez les créer leur monde imaginaire à leur échelle.
Barbie est là pour jouer un rôle dans ce monde pas pour le diriger d’une main de fer.