La boutique en ligne Miss Vinyl ferme officiellement ses portes
le Dimanche le 31 mars 2019
Vous allez me dire « encore ?!!« . Je vous ai habitué à des come-backs répétés à l’image d’une star qui peine à quitter la scène. Cette décision a été très difficile à prendre. Étant d’un caractère combatif et rebelle « never give up, never surrender« , j’ai l’habitude de tout tenter, d’enfoncer toutes les portes, de hurler pour me faire entendre.
Cette fois-ci, il faut s’y résoudre, cette entreprise, mon bébé de 16 ans est affaibli, sans nutriments, sans oxygène. Je ne peux que le débrancher et abréger ses souffrances. L’image est certes violente mais à l’image de notre société de consommation, peu préoccupée par les faiblesses même passagères.
Le marché de la poupée s’est dégradé à une vitesse grand V (sans parler de notre environnement économique et social) ces dernières années. Il est devenu quasi impossible de travailler correctement et humainement. Tout ce qui fait mes valeurs (l’amour du travail bien fait, le respect et la parole donnée) s’est noyé dans les méandres d’un marché ultra-rapide, avide de nouveautés immédiates, de junk-dolls à jeter après consommation.
Ce qui faisait le sel de ce métier, les artistes et designers, ne sont plus écoutés ni pris en référence au profit de modèles sans saveurs et uniformément édulcorés, faciles et rapides à vendre.
Le bon vieux bon sens commercial a même été éradiqué. Alors non, je ne veux pas d’une Barbie 60ème anniversaire qui ressemble à une Barbie de Noël vendue chez Leclerc, d’une Phyn&Aero sensée renouveler le genre mais en fait pas du tout, d’une énième poupée coiffée comme la précédente, d’une sous American Girl en plus moche. Le désert créatif qu’a été le salon de Nuremberg n’a fait que précipiter ma décision.
Ce milieu vit ses derniers instants sous l’ancien régime de consommation. Il doit se réinventer, comprendre qu’un enfant aujourd’hui à d’autres aspirations que de rêver d’un crétin de poney, qu’un(e) collectionneur(se) informé(e) ne peut se contenter de glitter collé.
Mon esprit est de ce combat là mais malheureusement pas mon corps que j’ai épuisé à travailler trop sans vacances. Je dois un temps stopper la machine infernale (ce que je n’ai pas réellement fait ces dernières années) pour éviter le pire. Le commerce étant la tâche la plus stressante et éprouvante physiquement, je cesse donc mon activité de vente.
Mais parce que les poupées sont une passion :
- je garde la rédaction du blog où je vous donnerai mon avis sur les poupées, les gens qui les fabriquent et le monde dans lesquelles elles se vendent,
- je continue à prendre des photos qui sont l’expression de mon sens le plus artistique
- j’approfondis l’écriture et l’édition car c’est un désir grandissant
- je reste Miss Vinyl (nom déposé), non plus la vendeuse mais la collectionneuse avertie.
Tout ceci, entre la recherche d’un nouveau travail et d’un nouvel endroit où vivre.
Une nouvelle fois, je vous remercie mes ami(e)s et client(e)s de votre fidélité et de votre passion. Mon optimisme forcené ne m’oblige pas à vous dire adieu mais plutôt bonne route sur des chemins qui nous amèneront peut-être à nous recroiser.
Amicalement et très sincèrement,
Cécile Miss Vinyl