Convention Jamieshow 2017

Mercredi 21 Juin 2017

Si Dieu avait voulu mettre ma volonté à l’épreuve, Il n’aurait pas mieux fait.

Voilà 4 ans que je n’ai pas traversé l’Atlantique, voyager aussi loin après tous mes soucis de santé était une épreuve. Physique d’abord car j’ai un dos et des épaules en compote pas encore aptes à supporter une position assise trop longtemps et morale également car le burn-out a laminé toute mon énergie et ma volonté de chien fou.

Je n’ai bien évidement pas dormi la veille du départ à cause de la chaleur caniculaire et de l’excitation. Car malgré la peur existe ce petit frisson de l’aventure qui me tient au corps. Cette même frénésie qui me faisait lever bien avant l’heure quand il fallait partir avec les cantines en Afrique ou monter dans l’avion vers le bout du monde en sachant que notre vie allait être transformée.

J’ai bien cru que le Ciel était contre moi et m’envoyait des signaux. Étant portée sur le surnaturel, je n’ai pas vu d’un bon œil le méga embouteillage sur la rocade de Rennes dû à un accident. Encore moins celui sur la route de Nantes dans les mêmes circonstances. Je devais avoir la tête ailleurs car j’ai loupé la sortie pour l’aéroport. Les parkings longue durée étaient quasi complets. 3 heures de trajet normalement fait en 1h30 d’habitude.

Et j’apprends que le vol Nantes – Paris a une heure et demie de retard. Celui de Paris – Chicago en aura aussi finalement 3 de plus. A peine montés dans la carlingue, on nous annonce un problème technique puis une équipe de maintenance qui n’arrive pas . J’essaie sincèrement de ne pas céder à la panique même en constatant la vétusté de l’Airbus, les sièges sont défoncés, il vient de Bogota direct et l’hôtesse ma fait remarquer la cause à effet. De plus, les américains ont exigé un contrôle sécurité pointilleux puisque nous sommes une nation à feu et à sang.

Nous sommes compactés comme des sardines, ça fait vraiment transport de bétail et Air France n’est plus ce qu’elle était. On a pas vu une hôtesse de tout le vol sauf pour nous jeter des plateaux repas. Tout le « confort » est en options, 9 euros pour avoir 10 cm d’espace de jambes, 26 euros pour un repas améliorer, etc. Ai-je connu un avion à l’heure sur Air France, jamais. Et là heureusement, il s’agissait en majorité d’américains donc tout le monde est resté poli même par 40° dans la cabine. Enfin, la nourriture était correcte avec un clin d’œil rigolo et mes voisins, une famille espagnole ne parlant pas un mot d’anglais, bien charmants.

C’est là que je me rends compte que je m’encroûte et que ces petits aléas font partie du voyage, j’avais juste oublié et m’étais installée dans le confort des voyages en Europe.

Si tôt débarqués, il faut attendre des heures pour passer le service d’immigration, toujours aussi impassible, d’autant plus correct quand votre nom de famille n’a pas de consonance orientale. Il règne ici une paranoïa évidente. J’ai le sentiment que ce nouveau président renforce le pouvoir et l’assurance des américains nés blancs et puritains. Le personnel dit de sécurité est moins diversifié qu’avant.

Une fois ma valise récupérée, direction l’agence de location de voiture vers 23h. Il faut connaître car rien n’est indiqué. On se pose comme des idiots au bord du trottoir et une navette vient vous chercher. Voilà une chose qui m’étonne toujours, que ce soit à Paris ou ici, le personnel qui voit passer des tonnes de touristes ne parle pas un mot d’anglais ou n’essaye même pas de ralentir le flot.

Je tombe sur un charmant jeune homme à l’agence qui tente de me vendre avec son beau sourire tout ce que je n’ai pas voulu prendre en extra, les trucs qui vous sentir en sécurité, le genre d’assurance que votre carte bancaire couvre déjà. Il est épaté que je navigue seule et connaisse un peu le coin, il me trouve « pretty confident «  (plein d’assurance), voilà la meilleure chose de la journée.

Il faut ensuite appréhender la voiture sur un parking de nuit, un truc bourré d’électronique qui ressemble à un vaisseau de Star Trek, il y a du bleu Led partout ! Et je crie littéralement d’excitation à la vue de la caméra de recul, je ne connaissais pas, j’ai un bon vieux utilitaire sans vitres électriques, vous imaginez le décalage.

Un peu de mal à trouver l’hôtel de nuit, le gps n’aime pas les routes fermées et j’ai du me fier à mon sens de l’orientation tout en évitant les routes à péages (j’ai pas le sticker sur le pare-brise, encore un truc en option).

Allez un petit coup de nerf à minuit, personne ne trouvait ma réservation, mais tout s’est arrangé après une petite recherche entre last et first name, mon nom est trop exotique pour le personnel.

Plus de 24h sans dormir avec la vive impression d’avoir fait un voyage au bout du monde. Demain, petit musée tranquille, boutique de poupées et visite de Walmart et Target à la recherche de barbies et autres curiosités poupesques.

 

Jeudi 22 Juin 2017

Le sommeil fut court, 3 heures, la machine corporelle garde ses petites habitudes, ce qui me laisse le temps d’un petit tour d’horizon télévisuel à 3h du matin. Le sujet du jour est la destruction de l’Obamacare par la nouvelle administration Trump. En dehors de ça, rien sur le monde, le Moyen-Orient et encore moins l’Europe. En local, les news ne sont que incendies, meurtres et armes à feu, c’est hallucinant ! 3 morts dans un parc, un corps de femme retrouvé quelque part, rien que pour cette nuit, glaçant.

Ce qui me surprend aussi est la conformité de l’apparence des femmes présentatrices et/ou journalistes. Pour le coup, on se croirait dans un rayon de barbies ! Elles ont toutes mais alors à l’unisson une robe près de corps, sans manches et de couleur primaire, beaucoup de rouge (associée au parti républicain?) et ce brushing qui me sort par les yeux, un style Farrah Fawcett hybridé des oreilles d’un cocker ! c’est figé, pas naturel ou comment mettre la féminité stéréotypée sous cellophane.

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N’arrivant pas à mettre un pied devant l’autre tellement je suis fatiguée, j’opte pour la visite d’un Toys R Us, histoire de voir quelques nouveautés. Ici tout prend des plombes, deux autoroutes pour rejoindre le plus proche magasin. J’ai beau essayer d’éviter les « toll «  (péages), rien à faire, malgré le gps, je me fais avoir. La boothlady dans sa guérite est ultra accueillante, large sourire et regard dans le yeux. Dans ce pays, les gens qui ont des jobs de première utilité sont d’une gentillesse, toujours un compliment à faire sur vos cheveux ou vos chaussures, ou alors est-ce de la servitude car tous ces emplois sont quand même destinés à la population afro-américaine en précarité.

Aujourd’hui, il fait une chaleur tropicale, ça colle de partout et les magasins sont ultra climatisés. Comment vous dire ? Ce contraste violent sur nos petits organismes européens pas habitués a de fâcheuses répercussions gastriques ! Il est également impossible de conduire sans climatisation, ouvrir les fenêtres est la garantie de vous asphyxier en deux secondes ! Économie d’énergie, réchauffement climatique, connaît pas ! Toujours autant de voitures et de 4×4, limitation de vitesse inconnue, pas de voitures de flics. Les gens conduisent comme des pieds ici, je peux vous dire que j’ai les yeux partout.

Désolation totale du rayon Barbies, comme ça c’est dit, pas d’illusions à avoir. Pas de nouveautés sauf la gymnaste et je craque pour un Fashionistas Ken afro-américain. Les Wonder Woman sont bien, je l’ai ai commandées chez Mattel France et ça ne devrait plus tarder. Pas de nouvelles marques de poupées à l’horizon. Je pousse chez Target, supermarché qui a l’habitude de faire des exclusivités Barbie mais rien du tout. Walmart n’a pas de nouvelles fashionistas non plus. Sauf une petite barbie Country Girl avec son poulet sous le bras.

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Dépitée, je me change les idées avec la visite d’un petit musée comme je les aime, les oubliés, les poussiéreux. J’ai cherché vainement un musée sur la culture amérindienne, on est quand même dans la région des plaines et la moitié des villes ici ont des noms indiens. Cette nation n’a même pas un musée digne de ses origines et de sa culture si variée. Je n’ai trouvé que le Mitchell Museum, musée privé. C’est une maison en bord de route dans un quartier résidentiel. Il y a quatre pièces et 1 étage. Pas un chat, je suis la deuxième de la journée. Quand je dis que je viens de France, j’ai droit à un accueil phénoménal ! Je suis obligée de signer le livre d’or, les donateurs aiment ce genre de visiteurs (l’autre visiteur est une allemande). Il faut croire que cette culture n’intéresse que les non-américains.

C’est restreint mais bien fait car le fascicule explique bien les différentes tribus. Il y a des objets anciens et modernes, j’ai trouvé cela très intéressant car une large place est consacrée à la culture actuelle, comme ses baskets rebrodées de perles à la façon des sioux du siècle dernier. Il y a quand quelques poteries Anasazi des premiers indiens, des kachinas et une belle collection de mocassins brodées sans compter une coiffe de chef avec des plumes d’aigle royal et des hermines.

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J’en profite pour rayonner dans le quartier, véritable décor de séries américaines. Les arbres, les trottoirs, ces habitations comme des maisons de poupées, les paniers de basket au dessus du garage. Tout est millimétré, taillé, décoré, rien ne dépasse ! Franchement ça me donne envie d’aller bousculer cet ordre établi en allant pisser sur leur pelouse ! Certains affichent même leur opinion politique à l’aide de pancartes ! Leur sacro-sainte liberté d’expression. Pour des gens si puritains comment peuvent-ils être aussi peu secrets ? Quand ce n’est pas ça, ce sont les autocollants sur les pare-chocs. Autrement dit, vous passez devant ce genre de revendications, ça vous énerve, vous trouvez ça gonflé ou intolérable et après on s’étonne que ça sorte son flingue à tout bout de champ !

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C’est le début de l’après-midi et je passe voir le seul magasin de poupées de la région, Gigi’s Dolls and Teddy Bear. C’est plus un musée qu’un magasin. Je l’ai visité il y a 4 ans et ça n’a pas changé d’un pouce. Pas de nouvelles barbies en vue non plus, rien que je ne puisse pas commander en ligne. Quelques Barbies vintage mais pas ce que je cherche. Il y a une tonne de poupées vintage et j’ai fait une petite sélection de poupées qui ont un petit quelque chose dans le regard, tout ce que j’aime.

J’y passe tellement de temps que je ne vois pas les trombes d’eau déferler au dehors. Vers 18h, l’orage n’a pas apaisé l’humidité. Je suis épuisée, j’ai mal au dos, ma seule récompense de ce shopping sera une Wendy vintage Scarlett O’hara.

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Je meurs de faim, je n’ai rien pris depuis le petit-déj. Je tenterai bien un fast-food ou I-hop mais je suis trop crevée pour attendre sur une banquette en skaï à me geler. Je cherche un supermaché, ces usines à bouffe, il n’y a que ça. J’adore voir cette explosion graphique de packagings, ces produits bizarres totalement artificiels, tout ce marketing me fascine. Mais tout me paraît excessivement cher comparé à il y a 4 ans. Cela me permet pourtant d’avoir accès à des fruits et légumes. Je me laisse tentée par un burrito total junk food, à faire décongeler dans son emballage plastique au micro-ondes. Pas mauvais mais difficile de définir les ingrédients.

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Demain, je dois m’enregistrer pour la convention en plein Chicago sur la très célèbre Michigan Avenue, genre de Champs-Elysées locaux. Je ne suis pas loin du magasin de poupées American Girl que je visiterai pour le fun. Il y a des conférences qui coupent la journée et à cause du décalage horaire, je pique franchement du nez vers les 18h. Pour être honnête, le côté enfermée dans un hôtel me pèse, je préférerai aller faire l’andouille dans la forêt.

Vendredi 23 Juin 2017

Je commence en douceur car j’ai déjà bien entamé mes réserves d’énergie. De toute manière, rien n’ouvre avant 10h. J’en profite donc pour faire des emplettes et visiter encore quelques Toys ‘R Us, histoire d’avoir bonne conscience. Et je fais bien car je trouve les derniers Ken Fashionistas dont celui avec le « man bun », le chignon hipster qui fait tant parler. Je trouve que les Ken afro-américains sont splendides. Bon après, les corps Curvy, je veux bien mais Ken fait plus gars qui aurait abusé des stéroïdes que des hamburgers. C’est le « gros » chic à l’américaine, pas adipeux mais juste une version homotétique du corps « normal ».

Où est le man bun que je le bute
Où est le man bun que je le bute

 

Naviguer à la recherche des magasins me permet de visiter différents quartiers et arrivant dans un Walmart à Riverside à la recherche de confiserie pour les cadeaux de table, je me rends compte que je fais tâche. Ici, tout est ghettoïsé, je suis passée par un quartier chicano et là un quartier black. Je sens bien que je ne suis pas à ma place. L’égalité c’est pas pour demain. Je retrouve ce même esprit de ségrégation des années Reagan. J’ai vu une femme noire hurler sur une sud-américaine parce qu’elle ne se poussait pas assez vite à la caisse, des hommes discuter mais à volume sonore à fond comme dans un vrai clip de rap, un autre qui téléphonait en marchant dire d’un ton rageur «  Bitch ! you’re too drunk to call ? ». Donc ce n’est pas que dans les clips, c’est bien une manière de parler. Le mot « bitch » (pute, salope) n’est pas utilisé comme insulte mais comme interjection envers une femme comme on dirait « hé ! Machine ! ».

On continue sur les nerfs car je suis en plein rush de week-end et je me dirige vers le centre de Chicago, aussi difficile à atteindre que Paris. Autant vous dire que je sers les fesses, j’ai la trouille de me faire rentrer dedans ou pire freiner trop tard ; j’ai une petite Ford Focus assez réactive (comparé à mon bovin utilitaire). Merci Dieu Gps ! Je me rappelle l’époque où il fallait se fier aux cartes et à la lecture de leur minuscule panneaux de rue  ! Et pourtant je trouve qu’on stressait moins, les gens étaient tous à la même vitesse lente.

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Arriver devant le Warwick Allerton sur l’artère la plus fréquentée n’est pas une mince affaire d’autant plus que comme à New York, les rues sont à sens unique. J’ai pris l’option Valet Parking qui me coûte une fortune pour ne pas avoir à stresser où garer sa voiture, d’ailleurs c’est impossible dans la rue, tout est limité aux locaux et passible de fortes amendes.

L’hôtel qui se veut luxueux est un peu vétuste et pas digne du prix affiché, je ne recommande pas. Ma chambre est minuscule, la salle de bain ridicule, je n’ai même pas de place pour poser ma trousse de toilette, je pourrais me laver les dents assise sur les toilettes. C’est le lot des hôtels du début de siècle. Je sais que je passe pour une ringarde quand je dis que je préfère les hôtels ou motels de bord d’autoroute mais c’est là que sont les vrais américains et la vraie vie. Ici c’est archi touristique, un peu comme à Las Vegas que des gens qui viennent faire la fête. D’ailleurs à 17h, j’ai le temps d’aller faire un tour du quartier et c’est l’heure des Happy Hour, il y a une foultitude de minettes à robes trop courtes et escarpins trop hauts qui ont bien appliqué leur manuel de contouring kardashien et se trémoussent en parlant fort avec de la purée dans bouche… tiens ! Les brushings Farrah Cocker sont de sortie.

Me voilà happée par ce que je déteste, les programmes de convention. Il faut courir pour être à l’heure (je n’y arrive jamais même en étant dans l’hôtel de convention).

Le cocktail a commencé et un trio de musiciens joue du jazz et tout le monde s’en fout. Ça se précipite sur les sushis (ok j’ai pas mangé de la journée et je ne peux rien toucher à cause de mon allergie aux crustacés), je me rattrape sur le vin blanc californien sans saveur.

Venir à une convention seule n’est pas super agréable, je ne connais personne, je suis la seule « étrangère », ça fait plus petite réunion d’amis du troisième âge (c’est pas de la méchanceté mais je me demande comment le monde de la poupée va bien pouvoir se renouveler). Je repère une femme seule qui a l’air de s’emmerder ferme et je vais taper la discute. Il s’avère que c’est une personne de l’équipe Gene Ashton Drake. Elle n’a pas mis son badge, mais une broche en feutrine verte en forme de cornichon, c’est sa nouvelle vocation. Fini le monde prenant des poupées, retour à la terre bio. La musique est tellement forte que j’ai du mal à suivre les conversations et après deux verres de vin blanc bien frais, je ne trouve plus mes mots en anglais.

D’autres dames nous rejoignent dont Terri Gold, bien connue du monde de la poupée pour ses photos et ses avis bien trempés sur son blog. Je me présente comme Miss Vinyl et elle me dit « Pourquoi votre nom m’est familier ? »… Elle ne se rappelle pas que nous avons participé à un concours photo Tonner et que j’ai eu le premier prix.La France est invisible dans ce milieu de la poupée mais pas notre pays car elle me parle direc de notre nouveau président. Il est super populaire ici, on nous l’envie. Les américains échangeraient bien leur Trump ridicule pour notre Kennedy frenchie. Mais alors qui a voté Trump ? personne autour de notre table. Ok, ce sont les russes qui ont tout manigancé, blah, blah, blah. Je trouve la naïveté des américains toujours touchante.

Roulement de tambour, on nous dévoile les poupées de convention. Je ne vois qu’une chose les prix qui grimpent d’année en année. Mel Odom est là mais en prête nom j’ai l’impression. Je ne pense pas qu’il dirige quoi que ce soit. Tout le monde se rue sur le Trent Gris en costume japonais de tous les jours. Je suis stupéfaite, le costume est exactement celui que j’avais demandé à ma mère de confectionner pour une photo de Yoshio ! Ok bravo, l’originalité ou alors je pense mainstream… damned !

Madra me fascine par son maquillage de geisha. Je suis déçue par le tissu de la tenue, trop basique mais l’éclairage ne met peut-être rien en valeur.

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La Gene en costume aubergine est superbe par son maquillage cuivré. Le velours est atroce et les chaussures ne vont pas du tout. Comment ça se fait que pour ce genre de poupée chère, il y ait toujours un détail qui tue ? Si on commence à vouloir défaire des poupées aussi dispendieuses, c’est qu’il y a un problème (Tonner en connaît un rayon ).

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Appréhension devant les basics (celles de l’année dernière ne me plaisaient pas du tout). Côté vêtement c’est nettement mieux. Mais côté personnages, on prend les mêmes et on recommence. Pas de nouvelles têtes, je ne comprends pas. Les filles ne me passionnent pas du tout et pour les garçons, seuls Lee trouve grâce à mes yeux. Me voilà dans de beaux draps !

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Je suis venue ici pour les poupées certes mais surtout pour me rendre compte de l’état du marché de la poupée, pour en discuter avec les gens du milieu. Aussi bien George, fondateur de Jamieshow que Pat Henry, éditrice du FDQ sont totalement désabusés, amorphes même. Comme moi, ils suivent le mouvement. Donc tout ceci est la fin d’une époque, RIP la poupée de collection. George me dit passer à autre chose bientôt, ce sont les chinois qui décident de tout y compris la création des vêtements (et ça se voit). Quand je lance l’idée qu’en France on a des talents et qu’on peut faire quelque chose, tout le monde s’en fout. Je dois me rendre à l’évidence, le business se fait aux Usa et l’Europe n’existe pas, ils ne nous calculent même pas. Ils ne feront rien pour nous sauf Pat qui veut bien faire un article sur notre façon différente de consommer. Il va falloir se retrousser les manches si on veut exister.

Il est 21h et je vais pouvoir m’échapper et profiter de de ciel bleu virant au rose. Les reflets sont magiques, j’ai plaisir à déambuler dans les artères annexes. Les gens sont en terrasse, ils se sentent en sécurité grâce à leur président, pensent-ils ?

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Trump affiche son arrogance en lettrage sur-dimensionné sur sa tour en bordure de fleuve. Je commence à comprendre que ce n’est pas de l’arrogance juste de la naïveté. Ils sont les maîtres du monde car ils sont seuls dans leur certitude, aussi simple que cela.

Where are your balls Mr Trump ?

 

Samedi 24 Juin 2017

Une journée de convention équivaut  à courir un marathon. En premier, petit déjeuner de 7h à 9h, ça tombe bien j’ai très peu dormi, la literie ressemblant à de la tôle ondulée. Ne voulant pas m’assoupir dans un frigo, j’ai coupé la clim et me suis retrouvée dans un bain turc. Sans parler des sirènes des ambulances et camions de pompier qui ont fait exprès de sillonner la Michigan Avenue toute la nuit. J’ai donc une petite mine mais en bonne française, je mets un point d’honneur à faire un effort vestimentaire avec pourtant peu de choses.

J’arrive dans la salle du petit déjeuner qui n’est qu’une salle de réunion avec un étalage de plats chauds présentés au milieu du couloir. Nous sommes à part, loin des clients de l’hôtel, en vase clos pour manger des œufs brouillés, du bacon et des banana toasts luisant de sirop et de beurre. Heureusement, il y a les sempiternels fruits frais coupés. J’engloutis les fruits avec un bagel aux raisins et du fromage Philadelphia.

La table est ronde à huit places et on se place librement. Mon étrangeté et surtout ma couleur de cheveux lavande attise les questions. Je passe au final un bon moment et sympathise avec Sandra Stillwell, véritable papesse des reproductions de prêt-à-porter. Elle connait la France et est bien partante pour découvrir le Musée Dior près de chez moi. Mes photos du musée font sensation et tout le monde prend en main mon smartphone et me like sur Facebook. C’est fou comme le mythe Dior fascine les américains.

Un atelier de coiffure est programmé et animé par un farfelu du nom de Jo avec qui je sympathise tout de suite. Il est habillé en scout histoire de mieux faire passer le message pédagogique. Nous sommes autour d’une table en U, on nous distribue une wigcap jamieshow pour travailler. Nous apprenons à coiffer à l’aide d’un sac plastique. Aussi bizarre que cela puisse paraître, les résultats sont bluffants.

La moitié de l’assistance est masculine et dois-je le préciser gay donc on va avoir droit à un nombre incalculable des blagues autour du terme « trou » (présent à l’intérieur de la wigcap pour une meilleur préhension). Je suis congelée par l’air conditionné et n’ai qu’une hâte… quitter cet atelier potache qui va se ruer d’une minute à l’autre sur le mini-bar (ici on ne fait rien aucune activité sans s’être restauré auparavant).

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Je m’échappe vite car je veux visiter une demeure de style, la Driehaus, de ses américains qui ont fait fortune au 19ème siècle. La grosse bâtisse occupe un pâté de maison dans un style néo-classique. A peine la porte ouverture par un homme en uniforme – un genre de groom serviable et noir – la pesanteur des boiseries et des faïences au mur vous écrase. L’alignement des pièces est invariablement les même : salon, fumoir, drawing room, etc… Comme à l’accoutumée, toute la déco a été faite par des artisans venus d’Italie, ça ressemble à du Louis XVI ou Empire, c’est juste plus gros et plus lourd, il faut montrer sa richesse. Le plus beau est la profusion de luminaires Tiffany et d’influences japonaises très en vogue à l’époque.

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Le côté positif est la juxtaposition de photos d’époque figeant dans l’éternité une déco encombrée de vitrines alignées en rang d’oignons et de trophées des chasse accrochés aux murs.

Je suis surtout venue pour l’exposition  temporaire d’affiches publicitaires de la Belle Epoque, des lithographies de Mucha et Toulouse-Lautrec. J’ai un mini syndrome de Stendhal devant une affiche de la Goulue par Toulouse-Lautrec. A 20$ la visite, je peux vous dire que j’ai balayé du regard chaque coin de la demeure.

Encore une fois, ce type d’expo met par défaut notre nation en valeur tant l’écrin américain est vulgaire.

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Il faut maintenant courir pour rejoindre le deuxième exposé, le plus intéressant, celui de Pat Henry, rédactrice en chef du magazine FDQ. La salle est comble et tout le monde se jette sur les viennoiseries et les fraises fraîches. On peut décidément par réfléchir le ventre creux ici.

Un powerpoint en règle ne nous apprend rien de plus que le livre Focus édité par la personne sus-nommée. Démonstration faite avec photos à l’appui qui pourtant ne me paraissent pas si parfaites. Comme aux Beaux-Arts, l’attitude est plus essentielle que le talent. Il suffit apparemment de se penser photographe sensationnel pour le devenir. En fait, je réalise que dans ce milieu, je ne me la pète pas assez.  Tout le monde connait mon nom Miss Vinyl et surtout mes photos mais personne n’a réalisé que j’étais la femme derrière tout ça. Cependant, les collectionneuses ont des réactions sincères et touchantes à mon égard. J’ai du contribuer quelque part à leur rêve de poupées. Les professionnels eux affichent un sourire gêné. Pas une seule fois, FDQ et Jamieshow ne citeront ouvertement mon nom en remerciement de services rendus. C’est tout juste si je n’ai pas l’impression qu’on met fait l’aumône de la distribution de quelques poupées pour nous, les Européens démunis.

Le cours à peine terminé, les portes de la salle de ventes s’ouvrent et on nous fait passer par un sas n’acceptant que 5 personnes à la fois. C’est une blague ? Même les marques de luxe ne font pas ça à leurs clients encore moins à leurs revendeurs. Je voulais acquérir la Madra et on m’explique qu’il n’y a qu’une petite quantité qui ne contentera pas tout le monde. Ce genre de technique de vente m’insupporte. Je suis en plein décalage horaire, j’ai dormi 7h en 3 nuits, je suis lasse, je me casse. J’ai la cruelle impression de perdre mon argent inutilement et vais me changer les idées en marchant dans les rues. A défaut d’avoir les poches vides, autant s’imprimer les rétines.

A deux pâtés de maison, je tombe sur le magasin American Girl et je retombe en enfance immédiatement devant la profusion de mises en scène. J’ai envie de tout acheter. Je tape la discute avec une vendeuse sexagénaire toute courbée par l’arthrose. Elle est apprêtée de façon adorable avec ses cheveux blonds cendrés. Elle va me sortir son français du fond de sa mémoire, c’est touchant. Si la surface de ma valise le permettait, je ramènerai le cheval appaloosa et le tipi. Je me contenterai de quelques accessoires pour de futurs shootings photos et des mini poupées en souvenir.

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Une fois calmée, je retourne à l’hôtel et cette fois-ci j’ai calculé mon timing pour ne pas enfiler ma tenue de soirée en 4ème vitesse. Avec deux trois basiques de ma garde-robe, j’ai réussi à me concocter un petit look asiatique chic et moderne. J’ai même coiffé ma cheveux en cascade sur un côté. Stupeur ! En sortant de l’ascenseur pour rejoindre la salle de bal, je m’aperçois que je suis « overdressed« . Les femmes sont en tenues de jour soit des robes d’été ou des joggings. Personne ne joue le jeu, je me sens mal. Je retrouve Wendy, l’ex-assistante de Mel Odom et on parlera plus de pickles que de poupées. Elle a quitté ce milieu totalement désabusée et je pense la comprendre.

Je suis à la table 5 en compagnie de charmantes dames, de deux messieurs déguisés joliment et d’une jeune femme. J’ai choisi un crayon et marque-page du Musée Dior en cadeaux de table avec une boîte métallique renfermant une madeleine bretonne. Pas évident, de trouver des objets pas trop lourds et encombrants. Il y a une bonne ambiance et l’hôtesse fait très bien son travail d’animatrice. Un convive nous fait même goûter du schnaps à la pomme de sa région d’origine. Je ne vois pas de centre de table à part deux figurines en bois style quille de bowling habillés de kimonos, genre cadeau à 2 balles venant tout droit de Chinatown.

Le repas commence par une salade de carottes et sésame grillé, je ne sens que la coriandre en fait. C’est posé en tas bêtement sans efforts de présentation. On a à peine reposé ses couverts que le plat principal arrive et je n’en crois pas mes yeux. On dirait un repas chinois à emporter renversé abruptement dans l’assiette, pas même un brin d’herbe pour égayer l’ensemble. Avec ceci, un verre de vin et pas un de plus. J’ai le malheur de discuter un peu longuement avec ma voisine et je me fais subtiliser mon assiette avant d’avoir fini. Le dessert débarque dans le même style, un pavé de génoise au goût chocolat surmontée d’une crème insipide. C’est carrément mauvais. Vient le tirage au sort des centres de table et c’est bien la première fois que je croise les doigts pour ne PAS l’emporter. Un déca et levez-vous, il n’y a plus rien à faire.

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Mel Odom fait un discours ému sur le nouveau personnage Luna Lee intégrant la famille Gene. Elle est sensée apparaître dans les années 60 quand Gene commence à prendre sa retraite. Les gens dans la salle réagissent à peine, pas de cris de joie, ni d’exclamation, quelques applaudissements par respect pour Mel Odom je suppose. Mes amis les créateurs de poupées, masculins la plupart du temps et ouvertement gays tout le temps, j’ai un truc à vous dire… Ne commencez pas à nous dire, nous les fans, que des petites jeunes arrivent pour détrôner les anciennes, voyez-vous ça passe mal à l’heure de la ménopause. Votre fan base a 50 ans voire plus, hé oui, elle vieillit tout comme vous. Tonner a mis Tyler au rebut et il commence à comprendre que remonter la pente va être difficile. Luna rivalise avec Gene… Apparemment la leçon ne s’apprend pas dans ce milieu. Les poupées ont cet avantage là, de ne pas vieillir, contrairement à nous. Et encore moins dans nos cœurs. Pourquoi tout ramener à une retraite forcée ? Pour conquérir un public plus jeune certainement. Mais cela ne se fera pas par un produit attrayant sans histoire qui ressemble à un top model marketé mais par un passage de témoin de collectionneur aux générations suivantes. Son premier coup de cœur de collection, c’est comme un premier amour, ça reste pur et éternel.

Je regarde ma montre et tout a été bouclé en 1h30. Pas d’animations, pas de jeu, pas de musique, pas d’open bar. La pire convention jamais faite. Je ne suis même pas déçue juste désabusée. Ce n’est pas une convention mais une fête privée, je me demande si nous sommes plus de 50 et je suis la seule non américaine. Tout le monde se lève pour aller faire signer sa poupée par Mel Odom. Je dois préciser que ce dernier n’a pas arrêté de me dire qu’il adorait ma couleur de cheveux. Il est sensé signer simplement les certificats d’authenticité mais j’ai droit à une signature sur toute la longueur de la boîte agrémentée d’un « I want to touch your hair » (Je veux toucher tes cheveux). Ok ! je m’en souviendrai de celle-là ! Je me revois acheter ma première Gene dans les années 90 dans un Fao Schwarz de Las Vegas. Je suis tombée en admiration devant ce glamour hollywoodien et sa grande taille me  rappelant ma Barbie Supersize Superstar Christie. 20 ans plus tard, Mel Odom met ses doigts dans mes cheveux. Si on m’avait dit ça !

Tout le monde rentre sagement dans sa chambre, quel ennui ! L’équipe Jamieshow s’affaire dans la salle des ventes. Je lambine et tue le temps en essayant chaque wigcap en vente sur ma Luna. Du coup, Ron, un monsieur fabuleusement déguisé en chinois, maquillage compris m’interpelle et me demande si tout comme lui, je ne serais pas déçue par la convention. J’appuie son avis et nous voilà partis dans une grande discussion sur les conventions. D’autres comme celle de Sandra Stillwell ont l’air de remporter un franc succès auprès des collectionneurs de Gene. Le circuit nous obligeant à passer par la caisse, je règle mes achats tranquillement. Ce qui devait être soit-disant épuisé est encore là en vente. Je pourrais être tentée par une Gene, Ivy ou Cary au rabais mais pour être sincère, j’ai un peu l’impression qu’on pense à Miss Vinyl quand la marchandise a du mal à s’écouler par ce qu’on sait qu’elle va en faire quelque chose, elle est tellement passionnée cette idiote ! Du coup, je ne prête pas attention aux vêtements qu’il faut pré-commander, je les trouve chers et pas bien finis, sans parler du style.

Ling Lan

De dépit, je monte me coucher. Bien évidemment, je ne vais pas fermer l’œil car l’avenir de la poupée me parait bien sombre ou du moins cruellement peu créatif.

Dimanche 25 Juin 2017

De 7 à 9h, petit déjeuner d’adieu, autour de tables rondes avec les mêmes plats chauds et fruits coupés. Je retrouve le fameux scout Joe et mon ami chinois de cinéma Ron. On essaie tant bien que mal de prolonger un peu la magie des rencontres. Tout le monde part prendre son avion et je retrouve mes voisines de table pour une balade au zoo.

Nous voilà partis en voiture vers le nord au bord du Lac Michigan. Le zoo est gratuit mais il vous faut 20$ pour 4h de stationnement. A 4 visiteurs, cela reste rentable. C’est un zoo simple, à l’ancienne c’est-à-dire que le coeur se pince à la vue de certains animaux dans des enclos étroits et bétonneux. Rien à voir avec celui de Miami ou San Diego. Cela nous permet de nous promener tranquillement et d’exercer mon anglais avec des résidents du Massachussets. ça me fait chaud au cœur de faire partie un instant d’une famille américaine typique.

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Nous clôturons cette belle aventure humaine autour d’un verre de bière locale (de la pisse de chat) et un fameux hot dog Chicago nappé de pickles ultra salés. Il est 18h et je dis au revoir à mes amis avec la forte envie d’accepter leur invitation à leur rendre visite dans leur ranch au fond des bois.

The Chicago Hot Dog

Lundi 26 Juin 2017

Là j’ai l’impression d’être en vacances. Pas de contraintes ni d’horaires, je ne suis même plus obligée d’écrire le blog, mon pc étant en rade. Je regarde la télé, je bouquine et je pense dans ma tête… je m’explique.

Je passe beaucoup de temps à m’occuper des autres (famille, asso de danse country, collectionneurs, etc…) et je m’aperçois que j’ai perdu l’habitude de juste discuter avec moi-même. Je ne dis pas que le premier jour – décalage horaire et fatigue obligent – je n’ai pas eu un petit coup de blues. Ma mère et mes chats me manquaient. Cela n’a duré que 24H. Est venu ce moment de félicité où je me retrouve et ai l’impression d’être enfin moi et pas la Cécile de démonstration. N’allez pas vous imaginer que libérée de mes obligations familiales et professionnelles, cela s’est transformé en nouba du diable. Je n’ai pas fait plus que je ne fais ici (bouquiner, observer, écrire) mais avec la délicieuse impression de savourer chaque seconde sans pression. A l’avenir j’aimerais passer quelques temps dans un endroit isolé car j’ai de plus en plus de mal à supporter les villes et leur rythme frénétique. C’est peut-être ça, ce « reset« , cette mise au point que me conseillait un ostéopathe. Ce burn-out m’a appris beaucoup de choses, notamment à réaliser que j’avais atteint mes capacités à supporter le rythme du monde moderne.

Observer de l’Art, c’est m’évader, cela me fait un bien fou. Les œuvres des artistes me touchent profondément qu’elles soient contemporaines ou non. Aller à l’Ouest vers Rockford, c’est passer de l’excitation urbaine au gigantisme silencieux des plaines. Les zones commerciales sont les derniers remparts de la civilisation. Un énorme Ikea forcément très bleu se pose là comme une forteresse. Les enseignes criardes laissent place aux champs de maïs encore plantés de pousses vertes. Le ciel est immense et j’en ai le tournis. C’est ce que j’aime aux Etats-Unis, ce « big sky country ». J’allume même la radio sur une station de musique Country, que je ne supporte pourtant plus depuis mon burn-out. Là, elle a son sens.

Rockford est une ville comme je les aime montrant les vestiges d’une amérique de Far-West, présent dans les murs de briques rouges. Il y a aussi les stigmates d’un pays qui va mal : bon nombre de bâtiments sont laissés à l’abandon, des usines, des casernes de pompiers, des commerces.

Le musée est confidentiel. La caissière n’a même pas de case où me cataloguer à la demande de mon code postal. Aucun étranger ne vient jusqu’ici me dit-elle. L’expo temporaire rassemble des graphistes travaillant le thème de conte d’enfant. A travers des aquarelles et des bandes dessinées, des femmes revisitent la littérature enfantine. Je suis particulièrement frappée par cette fille-requin si solitaire et triste et par cette tente refuge du fond des bois sortie d’un film de Wes Anderson. Comme j’aimerais y rester pour toujours.

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La salle d’expo permanente offre une petite sélection d’artistes locaux. Se met en place une expo conjointe de compositions florales inspirées des toiles affichées. Les américains ont ceci d’exceptionnel c’est qu’ils sont curieux. Mon attitude silencieuse ou mon look leur font penser peut-être que je ne suis pas du coin et la discussion s’installe naturellement.

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Comme un signe et je ne m’y attendais pas, j’aperçois une lithographie de Fritz Scholder, peintre d’origine améridienne que j’ai découvert lors des mes précédents voyages au Nouveau Mexique. La culture indienne est juste évoquée au mieux, oubliée au pire.

Fritz Scholder

Je suis dans une région de grandes plaines là ou démarraient jadis les caravanes des conquérants de l’Ouest alors vidées de leurs occupants d’origine, dépouillées des bisons et berceau des marches forcées menant les Indiens à leur cruel destin. Il faudrait certainement pousser plus à l’Ouest jusqu’au Dakota pour trouver la désolation des réserves. Peut-être que je ne fais que courir après mon enfance, du temps où mon père passionné de légendes indiennes nous fabriquait à mon frère et moi, des mocassins, des calumets, des tipis tout en nous enseignant leur philosophie.

En Amérique, on est encore plus conscient de la nature qui nous entoure car tout est gâchis et attitude de défiance vis à vis de la terre nourricière. Comment les américains peuvent-ils être aussi inconscients de leur environnement ? Alors que la télé ne fait que relater des énormes incendies en Californie, des ouragans du Sud, pas une seule fois, je n’ai pu arrêter la climatisation de ma chambre ou conduire sans elle. Pourquoi leurs voitures se transforment-elles en four quand il fait à peine 23° ? Pourquoi utilisent-ils encore des sacs plastiques facturés maintenant et avec bonne conscience 0,75 cents  ? (et ils ne sont même pas recyclables).

En quittant Rockford, je prends les petites routes beaucoup plu désertes et typiques même si ça fout la trouille de se faire coller le train sur 50km par un très gros pick-up. Des fermes parsèment de leur couleur sang de bœuf des champs infinis de maïs. Il y a 30 ans lors de mon premier voyage dans ce même Illinois, je m’étonnais déjà de la hauteur des plans bien entendus transgéniques. Rien a changé. Pas étonnant qu’ils refusent les accords de Paris.

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Mais d’ailleurs que font-ils ces américains ? et surtout où vont-ils ? Ils sont complètement déboussolés par leur nouveau président. Ils en ont même honte. Enfin ceux que j’ai rencontrés. Car je me demande bien qui sont ceux qui ont voté Trump ! Lâchement, peut-être n’osent-ils pas l’avouer. Ils vont connaître ce que l’on a subi, l’attente, la mise de côté du monde. Ils ne sont plus la première puissance mondiale, cela se sent. La Chine prend la place. Nous aussi, Français, nous avons sûrement une carte à jouer. Profitons de leur déstabilisation pour nous faire notre coq. A tort, nous nous pensons insignifiants face au géant américain mais il a des pieds d’argile (et une moumoute) désormais.

Ma Ford Focus de location considérée comme une voiture-jouet aux Usa

Nous avons des artistes de talent, un potentiel évident, une modestie bienvenue aussi, alors aux armes citoyennes et citoyens. Le monde de la poupée peut arborer nos couleurs pour changer l’horizon.