Madrid Fashion Doll Show 2019
Voilà 3 ans que je n’ai visité la cité madrilène. C’est avec plaisir que je vais retrouver mes amis du monde de la poupée, en “touriste” cette fois-ci.
Pas d’étiquette de professionnelle, juste une collectionneuse qui veut marquer les 60 ans de sa poupée favorite.
Vous avez pu vous en rendre compte à travers les messages du blog. Depuis la fermeture de la boutique, j’ai un peu lâché le monde de la poupée et tout ce qui m’occasionnait trop de stress. Je prends le repos que j’aurais du m’accorder plus sérieusement pendant ces 13 années d’activité professionnelle intense.
Et le hasard faisant bien les choses (et mon esprit étant sûrement plus libre de contraintes), moi l’éternelle célibataire uniquement concentrée sur son travail a fait une belle rencontre en la personne d’un charmant célibataire ! Ma vie a donc changé du tout au tout en quelques mois (vous avez du le remarquer à travers mon Instagram). Je change de lieu de vie, de travail, d’avenir. Mais je demeurerai une collectionneuse qui aime observer et raconter (et prendre des photos).
Vendredi 5 Septembre 2019
Arrivés sans retard via Iberia par delà un décor de champs blanchis par la chaleur où seuls les oliviers pointillent le paysage de leur noirceur gracile.
L’arrivée se fait toujours aussi facilement par le métro jusqu’à l’hôtel de la convention. Il fait une chaleur supportable de 28° en ce début d’après-midi. Les gens se promènent vêtus de bermudas sur jambes poilues pour les messieurs et de micro-shorts à revers sous le pli de la fesse pour les jeunes filles. Cette abondance de chair nue dorée contraste grandement avec ma Bretagne qui tire d’habitude sur le rose rougeâtre.
L’après-midi est consacrée à traverser ce qu’il y a de plus proche car la fatigue nous gagne déjà, nous sommes levés depuis 4h du matin. L’immense parc du Retiro est écrasé de soleil, les ombres se découpent au couteau. Les récentes et brèves inondations font que l’herbe est encore verte. Les touristes se réunissent sur l’étendue d’eau où il est agréable de ramer même maladroitement en compagnie de sa jeune chérie. Les “anciens” comme nous préférons modérer nos gestes et rester au sec.
Direction le palais de cristal, cette immense verrière en plein cœur de la verdure, témoin d’un passé d’opulence. On s’y presse pour découvrir quelques statues d’art moderne (avant il n’y avait rien à voir de spécial). Les jeunes filles prennent des poses Instagram, le dos cambré, la jambe négligemment lancée, le pied pointé, le corps de 3/4, et surtout le visage de profil, menton légèrement relevé, comme inspirée par le lieu, l’âme en toute sérénité alors que le but de ces contorsions n’est qu’une stupide course au “like”.
On pousse jusqu’au jardin botanique en longeant l’artère qui mène au Prado, maintenant envahie de chalets à brimborions pour touristes en manque d’idées. Il faut longer les murs du jardin pour y découvrir des boutiques de bouquinistes rappelant celles des quais parisiens. Déambuler dans la nature est une passion commune que nous avons depuis nos années de célibat et je suis ravie de me promener main dans la main (je sais cest “cute”) même si l’endroit est encadré des grands boulevards madrilènes et affligent nos oreilles d’un concert de klaxons et de sirènes en tous genres. Sans parler de la pollution qui attaquent nos bronches.
Le jardin est légèrement sec, les allées sont aveuglantes de leurs sable clair, les dahlias peinent à dresser leur tiges, les feuilles des arbres jaunissent déjà. Les allées sont toujours aussi fournies, les promeneurs aussi rares. Seuls cherchent l’ombre, des mamies, des jeunes filles Instagram et des couples d’amoureux.
Le soir s’annonce d’une lueur rose et nous regagnons l’hôtel en retraversant les 3km du parc. Je n’en peux plus. J’ai pourtant une bonne résistance à la marche en côte bretonne mais là le bitume a raison de ma volonté. Juste le temps de se jeter sur le premier restaurant venu (un italien !) et enfin un peu de repos dans une chambre dotée d’une climatisation sonore digne d’un tracteur.
Demain s’annonce électrisant. C”est le commencement de la convention. J’avoue que j’éprouve une certaine appréhension à retrouver ce petit monde de la poupée. J’ai peur d’avoir oublié des noms, des têtes connues pendant ma retraite forcée. D’être devenue simplement désintéressée.
Vendredi 6 Septembre
A peine le temps de prendre un petit-déjeuner copieux histoire de tenir toute la journée que l’enregistrement pour la convention ouvre ses portes. Je tombe sur des comparses français venus par la route puis sur Monica, l’organisatrice des festivités, jeune femme toujours aussi aimable, gracieuse et généreuse qui n’hésite pas à s’enquérir de la santé de mes chats (c’est une mémère à chats tout comme moi). On me remet un joli sac rose rempli des traditionnels goodies dont des vêtements pour Barbie, de jolis badges et des paper dolls splendides.
Le reste de la journée est libre et comme mon compagnon et moi-même devons cumuler 12 ans d’âge mental à nous deux, direction le zoo de Madrid, parait-il réputé. Il faut prendre le métro jusqu’aux abords de la ville, là où se situent les parcs pelés par la chaleur, sentant la résine de pins à vous tourner la tête. L’accès au zoo n’est pas du tout indiqué en sortant du métro si bien que nous faisons un détour inutile et affligeant de chaleur.
Il n’y a pas foule et c’est parfait pour déambuler le long des larges allées. Les habitacles des animaux sont plutôt vastes, ombragés et décorés avec soin. Ma passion de ces endroits vient de ma petite enfance où fascinée par les crocodiles dans un miteux zoo de Madagascar, j’ai innocemment pointé le doigt pour en toucher un et j’ai bien failli le perdre ! Cela n’a pas entamé ma fascination pour les animaux sauvages. Et là j’ai pu me régaler à l’observation d’un jeu/bataille de mâles dans l’enclos des éléphants, des rondes sans fin des macaques, des cris gutturaux des lémuriens ou du balancement des hanches du rhinocéros blanc.
Le supplice a été l’aquarium où la quiétude avec laquelle nageait les poissons dans leur monde de silence contrastait avec les hurlements des enfants surexcités ! Je me demande pourquoi le monde marin les met dans un tel état de transe, à vous rendre fous ! une torture digne de Guantánamo.
La fin de journée est là, il faut une bonne heure de métro pour rentrer à l’hôtel qui se situe à l’opposé même de la ville. Une petite douche et me voilà prête pour le cocktail de la convention.
Tout d’abord, nous prenons place pour le défilé de mode, traditionnel divertissement des conventions, les fans de barbie se déguisant comme leur idole. Monica nous fait une petite présentation sur le thème “Breasfast at Tiffany’s” et c’est parti pour des fans entièrement dans leur rôle. Il faut du courage pour s’afficher à ce point. Le clou du spectacle est une une reproduction de la robe “In the Pink” qui a du nécessiter des kilomètres de tulle ! Les fans au masculin défilent aussi plus ou moins avec élégance. Je déplore un peu que les conventions en général deviennent des divertissement de travestis et perdent la notion familiale. J’ai plus plaisir à voir une petite fille déguisée en Barbie qu’un musculeux, ultra maquillé, perruqué et singeant la féminité.
L’ambiance est conviviale et nous sommes invités à rejoindre les jardins pour un cocktail avec une abondance de petits fours et de vin, bière et jus à la demande. C’est tranquille et je retrouver avec joie le petit comité des français. On parle bien entendu de nos collections, de l’avenir sombre de Mattel et les gens s’inquiètent de ce que je vais faire après Miss Vinyl.
Il est tard et j’ai abusé du vin rouge si bien que je rejoins ma chambre et loupe la tombola. C’est Corinne Thorner qui me texte que j’ai gagné une poupée ! Je redescends en vitesse pour découvrir une superbe OOAK à 7 exemplaires ! une version moderne de Holly Golightly. Je vois bien que je fais des envieux. Une Ella Fitzgerald était aussi disponible, on avait le choix en venant chercher notre prix.
Je remonte toute contente de ma première journée. Demain, on a notre samedi avant de se retrouver pour le dîner de gala.
Samedi 7 septembre
Çà ressemble à des vacances quand vous feignassez au lit dans une chambre climatisée sans regarder l’heure si ce n’est par soucis de ne pas rater le copieux petit-déjeuner. On a la journée pour visiter avant le dîner de gala. Promenade dans les lieux les plus emblématiques de la ville (Gran Via, Plaza de Sol) en attendant le début de la visite guidée (uniquement en espagnol) du Monastère des Déchaussées Royales fondée par la fille de Charles Quint.
La façade austère dévoile des trésors comme souvent au XVIIème siècle, un escalier monumental tout en fresques (interdiction de prendre des photos car rien n’a été restauré depuis des siècles), avec en tête de gondole, le roi Philippe IV et sa famille de gueules en coin.
On accède à une galerie donnant sur le cloître en intérieur et sur une série de chapelles en extérieur, toutes les plus opulentes les unes que les autres. Le guide se charge d’allumer la lumière de chaque chapelle et c’est une orgie d’or, de christ en ivoire tellement grand que je me demande quel type d’animal a été sacrifié, de bois polychromes, d’objets liturgiques en argent massif, sans parler de la profusions de tableaux en tous genres à vous déprimer pour la vie entière ! Des christs dans un état plus ou moins avancé de torture, des vierges au bord du burn-out, des religieuses à vous glacer le sang, tout ça dans une ambiance pesante accentuée par le lourd mobilier sombre.
A tel point que l’incroyable tableau du Titien “L’argent du Tribut” et Judas trahissant le Christ vous parait rigolo. Tout comme le Brueghel l’Ancien et ses paysans aux fesses rondes dans leurs chausses.
Le plus intéressant reste la salle renfermant des tapisseries de Bruxelles d’après des cartons de Rubens. Le fait que le monastères ait été fermé pendant 400 ans a permis de garder tout dans son jus y compris l’état éclatant de ces pièces uniques, une collection complète et rare.
Il fait déjà très chaud et nous poursuivons la visite vers le Palais Royal, les lignes de queues sont en plein soleil et n’ayant pas gardé un souvenir du palais lors de ma dernière visite, je préfère pousser jusqu’au parc voisin pour jeter un œil sur le Temple de Debod transposé d’Egypte en Espagne. Je suis étonnée de voir des cars entiers de touristes débarquer pour ce modeste vestige ! La joie des voyages organisés qui vous font passer 4h dans un coin insignifiant et très peu de temps devant un chef-d’oeuvre.
Avant de rejoindre l’hôtel pour se préparer, petit détour par El Corte Ingles, Galeries Lafayettes locales, histoire de découvrir une ou deux barbies (un vieux réflexe). Il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent si ce n’est les androgynes BTS, j’aime bien leurs costumes. Une vitrine renferme quelques Barbies de collection, il n’y a rien qui m’enchante réellement, je trouve même la Barbie David Bowie décevante.
Retour à l’hôtel pour la préparation. J’aime jouer le jeu de la tenue du soir avec bijoux, robes et escarpins même si pour la plupart des conventioneurs, la tenue de jour est la norme.
Nous prenons place dans une salle décorée de quelques ballons. Je suis à une table bien représentée en français dans deux qu’on ne peut pas louper ! Marilyn et Audrey Hepburn ressuscitées ! bien que j’ai un doute sur Marilyn vu la couleur de sa peau, son maquillage tournant au gris verdâtre !
La table est incroyablement fournie en cadeaux ! nous avons une des tables les plus chargées. En centre de table, une mignonnette Barbie silkstone toute droite sortie du film de Marilyn Monroe “Les hommes préfèrent les Blondes“, rappelez-vous ces petites danseuses tournoyant derrière la star dans leur robe de tulle.
Nous commençons la dîner par un listing des nombreuses nationalités représentés et les Français braillent bien, le vin aidant. Il faut dire que Marilyn et Audrey mettent le feu ! A côté, les tables ont l’air bien sage.
Un chanteur et collectionneur nous fait des reprises très réussies et embarque même ma voisine pour un french cancan improvisé.
Le dîner (délicieux) se passe entre fous rires, discussions sérieuses sur Mattel et les réjouissances culinaires.
Vient le dévoilement de la poupée offerte par Mattel qui ne soulève aucun cri de joie vu que c’est la même pour toutes les conventions. L’excitation vient du dévoilement des la poupée en extra, créée par les organisateurs. Et celles de la convention de Monica sont toujours attendues ! Je ne suis pas déçue ! Une silkstone, avec une tenue en plusieurs combinaisons possibles, voilà qui va faire de belles photos !
Il est 1h du matin, la disco party va battre son plein dans quelques instants mais moi pour une fois, j’ai hâte de regagner ma chambre ! J’ai une autre compagnie que CNN ! Bonne nuit les amis ! et merci pour cette fantastique soirée, celles de Madrid sont toujours fantastiques car les amis sincères !
Dimanche 8 septembre
Réveil douloureux car trop vin blanc bu samedi soir. Aucune envie de me lever ! Même l’attrait de la salle des ventes ne pèse pas lourd face à un boyfriend.
D’autant plus que la salle est assez restreinte. Peu de vendeurs, et presque pas d’artistes.
Artist Creations ayant vendu tous leurs modèles aux Usa et en pleine préparation de leur convention ne proposent pas de créations, juste des poupées sous sachets de leur collection ou vêtements séparés.
Alla Dolgaleva Rapoport, artiste que j’adore mais hors budget pour moi et ses créations en tandem, d’un réalisme à couper le souffle. J’adorerais photographier ces poupées, elles ont une telle vie dans le regard.
Corinne Thorner – Créations Cotho, est fidèle au poste avec de splendides modèles très originaux. Je n’ai malheureusement plus de budget pour ce type d’achat.
Je me tourne donc vers des créateurs de vêtements qui satisferont mes envies de stylisme.
Je fonce chez Squish Tish, créatrice que j’adore pour sa fraîcheur et son gout des imprimés. Tout ceci pour corps Poppy Parker que je n’ai pas ! ça commence bien mais je ne peux pas résister ! Dolly Dolls aussi que je suis depuis des années. Une nouvelle créatrice Bien. Un set de bijoux par Alladoll, une affichette de Brani Mladenov, illustrateur de la convention.
Mon coup de cœur revient à Encarna Olivas et ce petit tailleur pied de poule d’une finesse et d’un chic extrêmes.
Je reviens bredouille de Barbies ! Je n’ai pas vu la silkstone à cheveux roses !
Vous verrez tout ceci bientôt en photo à mon retour.
Le tour a été vite fait si bien que nous avons du temps pour parcourir les puces du Rastro, gros fourre-tout de brocantes, d’étals en tous genres, le tout drainant une foule immense sur fond odorant d’anchois et de friture. C’est dimanche et les madrilènes se pressent dans les bars à tapas. A croire qu’ils fuient la chaleur de leur appartements ! Le quartier a un petit quelque chose du quartier du Marais à Paris. C’est un trendy et trois rues plus loin, on assiste à des scènes populaires d’arrachage de chemises à 2 euros !
Le volume sonore des espagnols étant déjà difficilement tolérable, là ça devient insoutenable. Direction le musée Thyssen pour l’expo Balenciega vantée par Alla, à pied les amis ! voilà ce que c’est d’avoir un entrainement de dingue en Côtes d’Armor ! Bon, râté, je me casse le nez encore une fois. Tout est complet ! Si vous voulez visiter un musée ici, réserver par internet !
Du coup retour au frais pour une petite sieste et l’écriture de ce blog qui je remets décidément toujours au lendemain maintenant !