Madrid 2015 – Convencion National

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J’ai l’impression que cela fait des siècles que je n’ai pas quitté mon bureau, plus d’un an, en fait. 2,5 jours pour changer de décor. Cette fois-ci, je teste la Convention Nationale des Collectionneurs de Barbie, organisée par Gloria Diez.

Ce n’est pas anodin si j’ai choisi l’effrayant et génial tableau de Goya de Saturne dévorant son fils – ou Puki pour l’occasion – car le thème de la convention verse dans le gothique d’une part et ma chère Puki étant un peu mon double innocent et naïf (comme nous le sommes tous en tant que collectionneurs de poupées) d’autre part, cette petite reflète un peu l’état d’esprit dans le quel je me trouve en ce moment, une coquille de noix dans la tourmente économique.

Car si le monde merveilleux de la poupée est loin d’être une bluette sur fond de décors à licornes et autres merveilles un peu niaises, il me fait plutôt l’effet d’une arène de gladiateurs assoiffés de sang et de Tokidoki mauves.

Vous connaissez mon esprit caustique (et je crois savoir que vous l’appréciez) mais cela ne m’empêche pas de prendre mon bâton de pèlerin et de croire toujours en la passion partagée tel un Luke Skywalker tentant désespérant de sortir son X-Wing de la fange.

Départ Jeudi soir de Nantes pour Madrid. Le temps sera agréable et idéal pour des balades en ville, les musées et quelques bières fraiches en terrasse.

Jeudi 1er Octobre

Je ressentais quand même un peu de stress à reprendre l’avion après une période aussi longue. On s’habitue vite à son petit confort douillet même si j’oublie que je me serais tapée la tête contre les murs cet été tellement je m’ennuyais dans ma routine.

DSC_0107Le ciel immaculé m’a rassurée. Le vol Iberia était complet. On a juste le temps d’ouvrir un magazine, de somnoler, de sursauter à l’annonce du stewart qui vous balance énergiquement une purée verbale (je ne distinguais pas l’espagnol de l’anglais). Les monts pelés des environs de Madrid vous préviennent que ça y est la terre est proche.

Je trouve toujours ça pratique de sortir de l’aéroport, de monter dans un métro ultra propre et d’arriver au pied de l’hôtel.

La convention se passe au TRYP Atocha, dans une rue animée à mi-chemin entre la Puerta del Sol, lieu préféré des rendez-vous touristiques et le quartier de la gare et ses grands musées. L’hôtel est hyper luxueux, la chambre en longueur, le lit ressemble à un paquebot, la salle de bain est en marbre et immaculée et le wifi est gratuit, c’est Byzance. Voilà mes manies de quadra exigeante qui me reprennent ! Pour l’instant, je glande en attendant que ma collègue de la country se sorte de son avion et de son vol à rebondissements. On ira faire un petit tour by night des principales places et il faut l’avouer, j’ai les crocs !

Le rendez-vous est à Puerta del Sol. Nous finissons par en trouver un qui propose une bière et deux tapas (tortilla et jambon) pour 5,50 euros (les budgets sont serrés). Il est minuit et cette collation est fort appréciée. Nous faisons un petit tour vite-fait à la Plaza Mayor, abandonnée aux sans-abris à cette heure de la nuit. Il est près de 2h du matin, les artères se vident. Restent des groupes de jeunes hommes interpellant les filles sur le bord de la route d’un coup de klaxon, sans effet si ce n’est un mépris évident de ces sylphides en skinny et it-bag. Je reprends le métro surchauffé pour quelques courtes stations. Autant vous dire que mes cheveux bleus déroutent, ici où chaque femme arbore un brun méché façon je reviens de Hawaii. Des hommes m’ouvrent gentillement les portes des métro, j’ose espérer que c’est parce que je ne fais pas pitié avec ma tête de schtroumphette.

 

Vendredi 2 Octobre

Il est 6h30 et je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Une vraie puce. Je n’ai pas l’habitude des villes, je suis tellement au calme dans ma campagne cessonnaise. Là, ce n’est que bruits de circulation, bus, poubelles, discussions animées, j’ai même l’impression que ma fenêtre est ouverte, mais non. J’ai du mettre la climatisation, rendez-vous compte alors qu’il doit faire 6° à Rennes cette nuit.

Après un petit déjeuner varié à se composer au buffet, me voici prête à affronter la journée. Direction le centre pour une visite du Musée des Beaux Arts de San Fernando, flanqué d’un énorme ministère et son architecture classique 19ème. Le trottoir d’en face offre un surprenant spectacle. Ce jumeau de bâtiment est entrain d’être démantelé et réhabilité. L’ancien bâtiment a été totalement excavé pour ne laisser que le squelette de la façade, je n’ai jamais vu cette manœuvre. Comme dans un décor hollywoodien, l’arrière-cour est étayée non pas de bois mais d’énormes poutrelles en acier, laissant le spectacle d’une fosse gigantesque aux flancs ocres, à nu, grattée par des engins énormes. Tout le quartier est phénoménal d’architecture, on passe de grands bâtiments lourds et baroques et classiques à un immeuble art déco cachant une église du 18ème siècle.

Le musée des Beaux Art ne déroge pas la règle, le style est puissant, d’immenses escaliers de pierre mènent aux galeries dont les styles se mélangent laissant une part belle à la peinture espagnole du 17ème et 18ème siècles à grands renforts de Christ ou de tête de Jean-Baptiste plus ou moins glauques. Une salle européenne vaut le détour pour de très beaux Rubens et même un charmant Fragonard. Le Arcimboldo est la star du musée. Une salle est consacrée à Goya.

Le deuxième étage est dévoué au 19ème siècle et à l’art moderne avec même un dessin de Picasso. Les allées contiennent de petites collection de jade ou d’amulettes égyptiennes. Il n’y a pas un chat à part un couple d’allemands. Le tour est fait en 1h30.

Il faut ensuite prendre le métro pour atteindre l’autre bout de la ville, le quartier universitaire où se situe le Musée des Amériques. Voilà deux fois en deux ans que j’essaye de l’atteindre car il est isolé par un périphérique et il faut faire des kilomètres pour en faire le tour. Grosse bâtisse imposante en haut d’une butte, il offre une belle collection d’artefacts glanés dans les nombreuses colonies espagnoles. Tout le musée s’évertue à nous faire oublier que si l’on peut voir tout ça de nos jours, c’est parce que tout a été pillé sans vergogne. Le cheminement s’attache à nous parler de réalité, de connaissance et de communication, pour être polis. Mais on imagine aisément la folie qui a du saisir les colonisateurs à la vue de cet or pur considéré par les autochtones comme un simple métal à repousser.

Je suis ébahie devant les vêtements cérémonieux faits de milliers de petites plumes encore en état puis transformés en tapis par les coloniaux. C’est aussi la première fois de ma vie que je vois des têtes réduites ou des momies sud-américaines. Un cabinet de curiosité tout en bois et vitres offre un bel échantillon d’art océanien. Il y a aussi des habitations indiennes reconstituées ainsi qu’un tipee nord-américain. Le seul bémol de ce musée est que tout est écrit en espagnol. Pas une seule traduction en anglais.

En début d’après-midi, sans but, nous marchons dans les rues pour visiter les points centraux de la ville. La plaza Mayor est en travaux et envahie de restaurants et leurs parasols. C’est relativement laid. Le palais Royal est quant à lui, jonché de touristes en perdition, ridiculement chapeautés de casques profilés, raides et peu confiants sur ces espèces de trottinettes à larges roues. Dans le mauvais goût touristique, on a atteint un nouveau degré (après les fausses statues et les Birkenstocks). Les étrangers surtout asiatiques sortent leur selfie stick, même dans les églises. Apparemment le selfie que je prenais pour de la rigolade enfantine comme se mettre les doigts dans le nez sur les photos de classe, est un vrai moyen d’autopromotion et un sceau d’approbation pour dire à la tête entière « j’y étais ». Mais qu’est ce qu’on s’en fout ! ça m’a fait pensé à mon père qui nous prenait en photo devant tout monument aux morts qu’il pouvait trouver (il était militaire) comme un marqueur dans le temps, moyennant quoi, en revoyant ça, on ressemble plus à des pingouins malhabiles et très cons.

Je n’en peux plus de marcher, je ne sens plus mes pieds mais j’ai assez de courage pour grimper les 7 étages qui me mènent à l’expo Star Wars du rayon jouets du magasin Cortez Inglese, sorte de Galeries Lafayette locales. Profusion de jouets et surtout étalages d’une belle collections de statues et figurines. Un stormtrooper est là pour prendre la pose et vous répond « que nada » de sa voix électronique quand vous le remercier. C’est hallucinant de voir à quel point tout le monde du fan d’origine quasi quinqua comme moi aux minots de 5 ans s’émerveillent devant tout ça. La saga est intergénérationnelle. Je suis lucide tout de même, je ne me jette pas sur n’importe qu’elle gadget à acheter, les prix sont prohibitifs. Fan mais pas idiote.

Barbie est quasi inexistante dans le rayon, ensevelie sous les poupées Frozen. Quelques silkstones de collection sont présentées en vitrine. Ça donne pas envie d’acheter tout ça.

Il fait maintenant nuit et je vais enfin pouvoir rejoindre l’hôtel pour rejoindre les amis de Barbie. Je retrouve avec joie Sebastian Atelier qui a eu le courage de faire 10h de route en pleine chaleur et Corinne Thorner arrivée avec difficulté de Bruxelles. Nous sommes accueillis chaleureusement par nos amis espagnols. On apprend que la convention totalise 150 personnes. On est une bonne quarantaine amoncelés sur le trottoir et de façon informelle tout le monde décide d’aller manger dans le resto en face. Pour cela, il faut simplement que les clients partent car nous occupons toute la capacité. On attend donc une bonne heure sur le trottoir à discuter bruyamment. Autant vous dire que je ne sais même plus que j’ai des pieds, je ne les sens plus du tout.

Barbie fait tapisserie
Barbie fait tapisserie

On s’attable par affinités, les frenchies ensemble. Pour 20 euros, le repas est copieux, tapas, entrée, au choix entrecôte, queue de taureau ou morue. Ouais c’est du local. L’ambiance est très amicale et pas du tout VIP, ce sont juste des amateurs de poupées qui se retrouvent et pas des clients de convention. A 1h du mat, nous sommes encore à table. Je suis cuite dans tous les sens du terme, par la chaleur de la salle et le vin rouge. Et le bruit, un espagnol, ça parle vite et fort. Nous ne sommes pas nombreux à être européens mais plus que l’année dernière. Je pense que cette convention va être réussie. Demain à 10h, nous devons récupérer nos accréditations et la soirée de gala est à 20h30. Ça me laisse le temps de visiter encore un musée.

A plus de deux heures, je tombe comme une masse. J’ai pris la précaution d’acheter des boules Quiès pour ne pas entendre la rue et notamment les conventioneurs qui sont restés à discuter sur le trottoir.

Samedi 3 Octobre

La nuit fut plus reposée quoique courte. Avant que l’enregistrement à la convention ne commence, j’ai deux heures à utiliser pour visiter un musée, celui du Romantisme. A la manière du musée Jacquemart-André à Paris, on déambule dans une large demeure bourgeoise du début du 19ème. Les pièces sont en enfilade. Les meubles précieux mais peu ostentatoires, ça n’a pas non plus la finesse du style français, c’est fabriqué localement (sauf les pianos), ça ressemble à un style Empire . Il est amusant de voir que les pièces d’habitation sont bien séparées, une aile pour madame avec tons pastels, feutrés et élégants et une aile pour Monsieur, tout de suite, la décoration est épurée et va l’essentiel (pour l’époque). La chambre des enfants exposent de jolis jouets dont des miniatures en ivoire ainsi que cette étrange sculpture d’enfant mort.

Ce musée se situe dans un quartier tendance. C’est dingue le nombre de boutiques spécialisées, on se croirait presque à San Francisco. Il y a au moins 10 hipsters au m² ! Des vitrines minimalistes, aucune indication de prix et de la musique à fond, Starbucks au coin de la rue, de la barbe, de la chemise à carreaux et du vélo de compèt.

J’ai juste le temps de rentrer vite fait pour aller chercher mon convention bag. Un sac au logo de la convention (très réussi), un gobelet pour le café, des écouteurs, un mini sac à dos, un stylo, un poster et surtout un beau tshirt violet estampillé du logo, qu’il faut mettre pour une photo de groupe. Plus d’une centaine de personnes, tout le monde joue le jeu. Il faut cadrer tout ça dans le hall. C’est une cacophonie infernale à vous faire vomir tellement le volume est élevé. Une fois l’affaire faite, on est conviés à un apéro. Des encas partout (mini burgers, sandwiches, salades variés), des desserts en mignardises et des boissons à volonté (y compris le vin et la bière). Il y a vraiment une bonne ambiance, ça permet de faire connaissance. Pour l’instant, les européens sont rares mais j’espère ouvrir la voie.

Tentative de photo de groupe
Tentative de photo de groupe

Les hôtesses de table sont chargées de récupérer les cadeaux de table des invités afin de les dresser sur les tables ainsi quand on pénétrera dans la salle, ce sera Noël ! J’apporte mes sacs Barbie contenant des figurines Barbie et un stylo généreusement donnés par Mattel France .

Loin de ce brouhaha poupesque, j’ai besoin de prendre « des vacances » donc de ne pas parler boutique. Je repars donc à pied vers le Jardin Botanique Royal, proche du Prado. Je connais déjà mais la végétation changeante selon les mois est toujours un émerveillement. C’est en me promenant dans les allées que je réalise à quel point je ne suis pas citadine et que j’ai besoin de voir les arbres, de renifler tout ce petit monde végétal. Plus de stress, je suis dans mon élément. J’en profite pour sortir Puki qui, la pauvre, n’a pas vu autre chose que le fond de mon sac. Je l’ai tellement manipulée et fait jouer tous les rôles, qu’elle ne tient plus debout, les élastiques sont fatigués, elles a les genoux qui flanchent.

Moi ce sont les pieds, je souffre. Je piétine des kilomètres ! Au bout de 2h30, je rentre à l’hôtel. Il faut encore récupérer un vêtement exclusif avant de se préparer pour la soirée de gala.

Tout d’abord une conférence est tenue devant une centaine de personnes sur le thème des barbies de convention . Historique et passage en revue photographique. Puis vient la présentation du vêtement exclusif fait pour la convention. Une belle boite rouge pour une robe dans le style evening gala en lurex argenté et tulle noir. 120 exemplaires faits à la main ! Chapeau.

On a juste le temps de remonter dans sa chambre pour se préparer. Il est difficile de faire original avec pour seule capacité une valise cabine. J’ai opté pour une tenue chic qui pourra ma resservir et surtout des vêtements qui ne froissent pas. Arrivée dans le hall, on assiste un rasseblement gothique. Les clients de l’hôtel, les normaux, sont consternés. Certains font vraiment des efforts et ont des tenues incroyables. Une grande majorité de collectionneurs tient une poupée de voyage pour l’occasion. J’ai opté pour un relooking de la Fairy Godmother Disney avec un vêtement Pulip. On fait la queue pour se prendre en photo devant une bâche style tapis rouge qui remercie les sponsors mais y fait-on attention ? Le tout flanqué d’immenses statues à l’effigie de Barbie ou Ken version papier mâché et carnaval.

Des serviteurs blafards passent au milieu de la foule. La “Contessa” est même là pour nous rappeler à l’ordre. Elle porte l’exacte réplique de la Haunted Lady of the Manor. D’un ton autoritaire, elle lance des « silencio ! ». C’est une cacophonie indescriptible.

Assez rapidement on se dirige vers la salle de gala. L’ambiance est bien amenée de manière relativement simple mais efficace. De longs pans de tulle déchirés masquent partiellement l’entrée, des toiles d’araignées géantes pendent aux lustres, une lumière violette baigne le tout. Les tables sont jonchées de cadeaux de table. Je n’ai rien que 4 sacs sur ma chaise car plus de place sur la table.

Une gigantesque drag-queen fait son apparition et se déhanche en playback sur un medley avec bien évidement Madonna car qui dit barbie dit gay dit Madonna. Fortement applaudi, il laisse sa place à une petite troupe que je pense être les gens de l’organisation. Remarquable de se lancer comme ça en toute auto-dérision, c’est réussi et bon enfant.

L’entrée arrive à la manière espagnole des tapas. Je commence à criser car étant allergique aux fruits de mer, j’ai vraiment la trouille de tomber sur un bout de crevette. Pas évident le lire le menu, je ne connais pas un traite mot d’espagnol. Et je me trouve esseulée à une table à moitié espagnole, deux portugais, une française espagnole d’adoption. Tous les autres français sont ensemble, j’avoue que je reste perplexe. Je ne me vois pas demander à ma voisine de me traduire tout toutes les cinq secondes. Grand moment de solitude malgré quelques efforts de mes partenaires. Ça va mieux quand on me parle en anglais.

Deuxième entrée, je n’ai pas réussi à savoir ce que c’était comme viande mais c’était très bon et joliment présenté. Un tirage au sort est fait pour des poupées de concours, les miss régions d’espagne, les ooak puis les photos. A chaque gagnant, une poupée barbie est offerte, soit une tapis rouge soit une Elegance Fleurie. Tout ceci de la main d’une autre sculpturale drag-queen blonde peroxydee, entre Marilyn et Divine.

Arrive comme un cheveu dans soupe la distribution de la poupée de convention, la Spotlight on Broadway, sans cérémonie, comme un paquet de lessive entre la poire et le fromage. Sous prétexte que tout le monde sait ce que c’est, aucun “tralala”  n’a été prévu. Je trouve ça dommage. Je la trouve ravissante cette poupée, je suis contente qu’elle rejoigne ma collection en compagnie des barbies Cabaret.

J’en profite pour retrouver mes amis français de la table à côté, j’avoue je commence à avoir le moral dans les chaussettes. Je me pose la question de pourquoi les gens viennent à ce type d’événement, ce n’est pas juste pour ramasser une poupée en édition limitée. D’un autre côté, je m’en veux d’être aussi naïve sur le moment. J’ai pourtant un réel plaisir à rencontrer les gens.

Une coupette de champagne est servie, l’assiette des desserts arrive avec son doigt tronqué en chocolat. En fait tout le monde attend la poupée de l’artiste David Bocci. Enfant du pays qui nous fait un long discours chargé en émotion puisque sa voix tremble mais je n’en saurai rien. Un petit film annonce le tout. On y voit un couple d’amants, la nuit près d’un puits à Tolède. Barbie et Ken jouent les premiers rôles, survient un poignard qui terrasse Ken, Barbie pleure toutes les larmes de son corps et de chagrin se jette dans le puits. Elle en ressort en fantôme, le rimmel qui coule. Tonnerre d’applaudissements, standing ovation. Le créateur revient sur scène pour une dernière explication. Cette poupée est à 101 exemplaires. Je suis vraiment déçue de ne pas avoir eu le temps de réagir. Seuls les premiers inscrits ont eu la possibilité de l’acheter, ça a du durer 1 heure. En tant “qu’étranger” avec tout l’infrastructure que ça représente, on ne peut pas se décider aussi vite.

Comme toujours en fin de convention, les gens plient bagage très rapidement. Une discothèque est prévue en sous-sol mais avec mes rétines chancelantes, je ne peux simplement plus regarder une lumière en face. Je retrouve donc mes amis pour une discussion sur l’avenir de la poupée ou plutôt du mien. Car j’ai de plus en plus l’impression d’être un stranger in a strange land, un étranger sur une terre étrange.

Il est 3h du mat et j’attends beaucoup de la journée de ventes de demain pour réveiller les passions.

Dimanche 4 Octobre

J’ai le plaisir de retourver Artist Creations au petit-déjeuner. On parle de leur convention romaine prévue au mois de Novembre, le jour de mon anniversaire. Ce sera pour l’année prochaine. J’aimerais tout faire bien évidement.

J’ai juste le temps de préparer ma valise. Je dois laisser pas mal de choses par manque de place. Les nièces de Sebastian Atelier seront ravies. Je peux enfin faire la queue devant la salle de vente. Des tables sont disposés aux quatre coins avec un large choix de confiseries et gâteaux. C’est une convention à l’américaine où l’on mange tout le temps ! ce serait en France, on y boirait plus.

La salle de ventes est la salle du gala de la soirée passée. Les créateurs se trouvent près de la scène. Les autres étals sont un assortiment de créateurs, vendeurs de barbies. Il y a des barbies et un peu de Integrity Toys, c’est tout. Cela ressemble plus à une grosse réunion de club. L’entrée est gratuite.

David Bocci est en position centrale avec un décor très réussi dans un style gothique chic. Toutes les poupées sont déjà prévendues. Une table adjacente présente les stars du petit film d’animation. Cet artiste est un géant (au moins deux mètres), très aimable et super abordable. Pas le genre à se la jouer star comme tant d’autres.

Artist Creations proposait 5 modèles. Vous me direz c’est peu juste mais c’est le temps normal pour les confectionner entre conventions si rapprochées. ça reste une production à échelle humaine et ceux sont eux seuls qui font tout. J’accroche tout de suite sur une silkstone argent. J’hésite aussi avec la orange. Donc je vais faire un tour avant de me décider. J’étais partie avec un budget et je compte bien me lâcher un peu. J’avais espérer trouver une poupée spéciale et très originale comme ma déesse indienne (je vais faire des photos). Giuseppe en était l’auteur et j’en suis dingo.

En fait, j’hésite avec une création de Sebastian Atelier. La magnifique Vladiva dont il m’a fait l’honneur de la baptiser. Elle a une morsure de vampire très discrète, j’adore ce détail qui amène forcément à imaginer une histoire. Je réalise à quel point le luxe transparait dans ses créations. Sur photo, on ne voit pas tout ces détails. Là j’ai le nez dessus, je peux tout regarder en détail. Les gens s’attardent, scrutent et complimentent. Mais la langue demeure une barrière. C’est rare de voir des gens ne parler aucun mot d’anglais à ce point. Même donner un prix s’avère mission impossible, il faut sortir les stylos et les papiers. A l’heure d’internet, ça parait incroyable.

Corinne nous gratifie de nouveautés et a même tenté deux poupées Tonner mais je crois bien qu’en Espagne, cela reste très confidentiel.

D’autres créations du salon…

Ce que je retiens de la convention c’est une excellente organisation (bravo Gloria !), une équipe motivée, de la nourriture à profusion, un hôtel grand luxe, un style américain. Le seul bémol, que rien ne soit bilingue, ni le programme, ni les explications, ni le menu, ce qui a été un gros problème avec mes allergies alimentaires. Peut-être que les organisateurs n’ont pas encore conscience de l’intérêt que l’Europe leur porte.

La prochaine édition aura pour thème “Pin up”. C’est prometteur.

Je garderai de cette convention les larmes de joie de Sara Gomes qui a pu acquérir la Vladiva de Sebastian Atelier. Le fait de voir des petites étoiles d’enfant émerveillée dans ses yeux m’a fait oublier les ego selfies, les guerres d’influence, de léchage de bottes en tous genres. Merci Sara. Tant qu’il y aura des gens comme toi, je continuerai à aimer Barbie.